Chapitre XI : La Dispersion

Ils se sont glissés parmi les ombres en attendant que la garde passe.

"Il est parti, Tielya. La voie est libre."

"Les gardes devraient être le plus petit de tes problèmes," répondit-elle. "Si mon père découvre qu'un humain comme toi pourrait être si entreprenant à l'encontre d'une Teir'Dal, il aurait ta tête au bout d'une pique avant aube."

"Tu marques un point," dit-il, la tirant plus près de lui. "Et que penses-tu qu'il fasse s'il découvrait que je vais t'épouser?"

"Humain Effronté!" cria-t-elle, en se dégageant. "Qu'est ce qui t'incite à penser qu'une fille de la maison V'Dreth consentirait à une telle union?"

"Ceci," répondit-il, l'embrassant tendrement.

Elle sourit. "Néanmoins, mon père sera furieux. Je ne plaisante pas quand je dis que nous devons faire attention."

"Je sais," lui répondit-il, "Mais ton père n'est pas ici en ce moment. Et si nous ne faisons pas bientôt route vers le port, la garde sera de retour. Partons."

Il prit sa main, la menant au ponton. Un petit bateau était attaché sous le quai. Ils embarquèrent dedans, dénouant l'amarre, ramant tranquillement dans le port.

"Une si belle nuit," nota Tielya. "J'aime l'obscurité à la nouvelle lune. Pas toi, Sarven?"

"J'aime bien plus l'obscurité de ta peau, mais la lune est belle, aussi." Il sourit. Ses yeux se mirent à briller en le regardant. Ils s’éloignèrent loin du port, bien au-delà des frégates ancrées aux docks de Port-Franc. Leur bateau glissa hors de vue des tours de guet vers une crique déserte près du rivage ensablé. Sarven déposa les avirons et Tielya se pencha par-dessus lui. Ils regardaient au loin par-delà l'eau silencieuse.

"La mer n'a jamais été aussi calme depuis fort longtemps. Un bon présage, je pense, " lui dit-elle.

"En effet. Peut-être est-ce un signe que nous devrions fuir loin de ta famille et commencer une nouvelle vie ailleurs."

"Où pourrions-nous aller pour qu'on permette à un humain et une elfe noire de vivre ensemble? Les Terres Communes sont envahies d'orques. Si nous nous sauvions à Nektulos, les fanatiques Thexiens te pourchasseraient ardemment. Et tandis que tu pourrais trouver une habitation dans Qeynos, je doute qu'ils souhaitent la bienvenue à une Teir'Dal. Les océans sont encore peu sûrs pour naviguer. Nos options sont..."

Elle s'arrêta net lors qu'elle nota que le ciel au-dessus des flots commençait à miroiter et à rougir.

"Qu'est-ce?" demanda Sarven.

"Une sorte de portail se crée. Quoi que ce soit, c'est énorme."

Les lumières clignotantes fusionnèrent. Là, dans les cieux au-dessus d'eux, était une lune ronde cerclée d'un anneau éthéré.

"Par les dieux!" hurla Tielya. "Cela pourrait être Luclin?"

"J'ai eu connaissance d'elle en grandissant, mais l'accès à la lune a été perdu il y a des siècles. On a dit qu'elle s'est cachée derrière un genre de voile. Pourquoi est-elle visible maintenant?"

Pendant qu'il parlait, la lune se mit à rougeoyer de plus en plus. Des lignes d'énergie zébraient sa surface comme si la sphère entière pulsait avec rage.

"Que ce passe-t-il?" demanda-t-elle.

"Tielya, couvre tes yeux," lui dit-il.

"Mais c'est si beau."

"Cache tes yeux!"

Un instant le ciel s'éclaircit comme en plein jour. Sarven plissa des yeux, se les protégeant d'un bras. Au bout d'un moment, la lumière s'obscurcie, et il put à nouveau observer Luclin, brisée, dans les nues, une vague d'énergie emportant rapidement avec elle d'immenses débris cosmiques vers Norrath.

"Nous devons fuir!" dit-il. Je ne sais pas à quelle distance est Luclin, mais il me semble que ces morceaux de planète nous frapperont bientôt."

"Sarven," souffla-t-elle doucement, ses yeux fixes au lointain.

"Oui?"

"Je ne vois plus rien..."

"Que savons-nous?" demanda-t-il.

"Pas grand chose." lui répondit l'informateur. "Port-Franc était endormi quand c'est arrivé, bien que l'éclat de la lumière ait réveillé la cité."

"Pouvons-nous quand même être sûr que c'était Luclin?"

"Certains, qui prétendent avoir été dans le Plan des Cieux il y a fort longtemps, sont convaincus de ce qu'ils ont vu, mais qui peut le dire avec certitude? Les Plans jouent de mirages à nos yeux, et tout peut être ce qu'il n'est pas. Si c'était Luclin, ce n'était pas assez éloignée pour les autres."

"Une idée de la cause?"

"Uniquement des rumeurs. Luclin a été trop longtemps coupée de nous, en ce temps, et tout a été oublié. Les prêtres pensent que sa destruction est de mauvais augures annonçant le retour des Dieux pour bientôt. D'autres parlent d'une invasion qui s'est produite il y a fort longtemps et que ceci en est le résultat. Les ogres blâment une intervention gnome ; les humains suspectent les ratongas. Le Suzerain a commencé sa propre analyse, mais pour l'instant rien n'est sûr."

"L'ampleur des dégâts?"

"Un trop grand nombre à déplorer. Les plus grands morceaux ont frappé en premier, causant d'immenses cratères sous l'impact et étouffant les terres. Les scientifiques des arcanes déclament que les débris peuvent tomber pendant des années, peut-être même des décennies. Simplement, ils n'en savent rien."

Le patriarche Teir'Dal aboya. "Je veux des réponses. Apportez-le-moi."

Les deux gardes ouvrirent la porte et quittèrent la salle, revenant un instant plus tard, soutenant entre eux un humain. Il paraissait avoir été battu et ne pouvait marcher de par lui-même. Ils le traînèrent devant leur maître, le maintenant dressé.

"Dis-moi, humain, qu'as-tu vu?"

"Je... vous ai déjà tout dit..." répondit-il faiblement.

L'elfe noir le gifla durement au visage. "Vil Engeance! Tu aveugles ma fille et maintenant tu oses mentir devant moi! Personne ne peut agir ainsi face à V'Dreth et vivre!" Le Teir'Dal le gifla à nouveau.

"Nous étions... sur le bateau. Nous avons vu l'éclair. Je l'ai priée de regarder ailleurs. Je ne la blesserais jamais."

"Mensonges!" hurlait V'Dreth alors qu'il frappait encore Sarven. "Tu as enlevé Tielya pour l'emprisonner contre une rançon et tu lui as retiré la vue pour cacher ton identité! Dis-moi maintenant ce que tu as vu!" Il serrait son poing, disposé à le frapper encore.

"Assez, Père," exigea la voix de Tielya se tenant dans le chambranle de la porte. "Ne blessez pas l'homme que j'aime."

V'Dreth se reteint. "Vous ne savez pas ce que vous dites. C'est un humain dégoûtant qui a lancé un charme sur votre esprit. Vous ne pourriez pas aimer un être tel que lui!"

Elle sortit de l'encadrement de la porte et marcha droit devant, presque en trébuchant quand elle atteint le bord de la table. Elle progressa en longeant le bord de celle-ci jusqu'à ce qu'elle se soit tenue près de son père.

"Vous avez demandé à plusieurs reprises ce qu'il a vu. Pourquoi ne faites-vous pas la même chose avec moi?"

V'Dreth se tu pendant un instant. "Très bien, qu'avez-vous vus?"

Elle souriait faiblement, regardant fixement devant elle de ses yeux aveugles. "La lune était si claire. Elle était vivante emplie d'une énergie qui la traversait de part en part. Soudain ce fut comme si quelque chose en son centre s'était brisé et s'expulsait à l'extérieur, comme un oiseau de proie sortant d'un œuf. Je ne pouvais m'en détourner. Elle était si belle."

Son regard s'arrêta sur le sol, puis revînt sur sa fille. "Aimez-vous véritablement cet humain?"

"Oui." lui répondit-elle provocante.

"Alors récupérez-le," lui dit-il, faisant signe à ses gardes de laisser choir Sarven sur le plancher. "Partez maintenant, et ne revenez plus jamais dans ma maison. Je n'ai plus de fille."

Son visage était figé alors qu'elle inclina la tête une nouvelle fois, se penchant pour aider Sarven à se remettre sur pieds. "Guide-moi, mon amour, et je te porterai," lui chuchota-t-elle.

V'Dreth les regarda disparaître. Puis se tournant vers les gardes: "Veillez à ce qu'ils trouvent une chambre dans une auberge, n'importe où à l'écart. Donnez-lui ses affaires là-bas. Assurez-vous qu'aucun mal ne les frappe, mais ne me parlez plus jamais d'eux. Allez."

La garde salua et sorti. V'Dreth fit face de nouveau à son informateur. "Il doit y avoir plus de réponses. Trouvez-les."

L'informateur s'inclina puis se dirigea vers la porte, laissant V'Dreth, seul, dans la chambre noire. Le Teir'Dal effleura le bord de cette table que sa fille avait suivi, puis serrant son poing, il se fondit dans les ténèbres.  

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